Parole de témoin: un frère prêcheur au service de tous

Frère Joseph de Almeida op

Bonjour frère Joseph, peux-tu te présenter en quelques mots à ceux qui ne te connaissent pas encore ?
Bonjour, je suis frère Joseph de Almeida Monteiro. Je suis né au Portugal où j’ai vécu jusqu’à l’âge de 21 ans. J’ai connu l’Ordre dominicain à Paris en 1981 et je l’ai rejoint en 1983. Je suis fils et membre de la province dominicaine de France. J’ai passé pendant toutes ces années en France avec une parenthèse au Brésil entre 1995 à 1999.

J’ai assumé plusieurs missions aussi bien dans l’Ordre que dans la vie paroissiale : entre autres la responsabilité de la paroisse du saint Nom de Jésus à Lyon ; celle de l’aumônerie des communautés portugaises, la pastorale (mission) étudiante, celle de l’Ecole de Danse de l’Opéra de Paris. Pour plusieurs raisons, j’ai assumé un semestre d’enseignement à l’université catholique de Lyon et également le secrétariat général de la province dominicaine de France. Depuis un an, je suis vicaire à la paroisse saint Paul de Genève, une paroisse confiée aux soins pastoraux des frères dominicains.

Au cours de ces années de vie dominicaine, j’ai assumé très souvent la charge de bibliothécaire, notamment à Strasbourg, à Dijon, à Tours, à Lyon et in fine à Paris à la bibliothèque du Saulchoir. Je l’assume également au couvent de Genève. C’est une constante de ma vie dominicaine et mon goût pour le livre me fait assumer une telle charge avec joie.

Y a-t-il un auteur qui t’a particulièrement marqué?
Non seulement un, mais plusieurs auteurs spirituels m’ont marqué durant ces années. Tout d’abord, il y a la figure de saint Dominique qui a été l’élément déclencheur car je recherchais une vie à la fois contemplative et apostolique. J’étais surpris qu’il ne soit pas très connu. Ensuite, il y a les auteurs du Carmel et Cisterciens que j’ai fréquentés. Je n’oublie pas les auteurs dominicains comme Catherine de Sienne et Maître Eckhart. Enfin, je voudrais évoquer la figure de Louis de Grenade, un frère dominicain du XVIème siècle qui m’a marqué m’ouvrant ainsi à l’école française de la spiritualité.

Dans quel état d’esprit es-tu au moment où tu es appelé à rejoindre la communauté de la Mission Catholique de Langue Française de Zurich ?
L’appel à assurer ce service à Zurich m’a étonné puisque je suis à Genève depuis août 2024. J’ai reçu cette nouvelle mission comme une surprise, un défi mais aussi un appel à un service nouveau qui m’invite à me désinstaller toujours comme frère et fils de saint Dominique.

Ma connaissance de l’allemand est limitée. J’ai tout de même fait deux années et demi d’études d’allemand à l’époque où j’habitais encore le Portugal.

Je suis dans l’attente de mieux connaitre et servir la Communauté Catholique de Langue Française de Zurich qui a en son sein une énorme diversité.

Mon désir est d’être au service de la communion, de la diversité et du rappel de l’appel commun à la suite de Jésus-Christ.

Un merci particulier au frère Didier Boillat. Je sais que le frère Didier a beaucoup œuvré à construire cette communion. Je lui suis très reconnaissant de toute ces années qu’il a œuvré à Zurich et j’espère en faire de même. Un travail dans la vigne du Seigneur dans la continuité….

En parlant de la communion et de la continuité de la marche entreprise par la Mission : Quelle est ta vision d’une paroisse vivante aujourd’hui ?
Beaucoup de défis se présentent aux paroisses aujourd’hui…. Elles doivent être des lieux d’accueil pour toutes les personnes qui doivent être reconnues et accueillies. Je dois dire dans ce sens que mon arrivée à Genève a été mon lieu d’atterrissage après la France où j’ai vécu pendant plusieurs décennies. En arrivant à saint Paul de Genève, j’ai trouvé une communauté plus diversifiée que je ne l’avais imaginé par exemple au niveau linguistique. Il me faudra maintenant élargir cette expérience vécue à Genève à la Mission Catholique de Langue Française de Zurich. Je pense que les paroisses ici en Suisse vivent et acceptent davantage de rendre féconde les diversités dans lesquelles nous vivons.

Comme défis, je vois en premier l’accueil des Jeunes Couples qui au-delà de la préparation au mariage doivent être accompagnés afin de découvrir toute la richesse de l’évangile et de la vie chrétienne…

La collaboration entre les fidèles laïcs et les prêtres est une constante dans l’Église notamment depuis le concile Vatican II. Cette collaboration est très active dans le diocèse de Coire dans lequel se trouve le vicariat général de Zurich. Je tacherai de mieux connaître et de faire vivre cette tradition de l’Église de Coire. Le Frère Louis Grenade prônait déjà au XVIème siècle un temps pour les laïcs, et la pratique de l’oraison pour les laïcs. Il avait donc une vision très moderne de l’appel à la sainteté des laïcs.

En quoi ton identité de dominicain influencera-t-elle ta manière d’être au service de la Mission Catholique de Langue Française de Zurich ?
En parlant de notre identité dominicaine au sein d’une paroisse, l’un des défis est déjà de vivre la communion au sein de la communauté dominicaine : vie commune, vie intellectuelle, vie spirituelle et vie apostolique portées ensemble. Ces éléments bien articulés ensemble donnent une couleur propre à notre vie dominicaine même si cela n’est pas toujours perceptible par les personnes qui nous fréquentent.

Planifier notamment le programme de la présidence des messes. Le visage de la vie communautaire influence notre prédication.

Un message pour les fidèles ?
Saint Paul soulignait le fait que nous portons un trésor dans des vases d’argile. Souvent lorsque nous prêchons, nous souhaitons que les fidèles puissent prendre conscience de la grandeur de ce don de Dieu. Dans ce sens, mon désir est de faire découvrir la beauté de notre vocation et de communiquer la joie et la beauté de l’évangile. Les laïcs sont une pointe avancée dans le monde de l’Église. J’aimerais dans ce sens, inviter les familles à considérer, à méditer sur l’importance de notre vocation chrétienne et de l’appel inscrit par notre baptême.

En cette année du jubilé sur l’espérance, la qualité de notre accueil est pour tous un témoignage. Être ensemble des témoins pour que toutes les personnes soient accueillies et puissent trouver une place et un chemin de vie. Ce chemin de vie est la mise en œuvre de cette espérance à laquelle le Seigneur nous appelle. Prendre ensemble conscience de l’appel du Christ.
Interview par frère Lucas Onana op

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