Neuf manières de prier avec saint Dominique

Saint-Dominique

I. Dominique est très profondément ému par Dieu. Dans les différentes formes corporelles de salutation, il exprime l’attitude de la créature vis-à-vis de son Créateur et reconnaît sa dépendance envers lui. Quand il s’incline profondément et adore, il s’émerveille de l’amour de Dieu et éprouve son immensité. Sous l’impulsion de cet amour, il se détache pour s’abandonner entièrement en Dieu. Ainsi il découvre le contact intime, familier avec Dieu son Créateur dans son être profond et devient totalement perméable au divin et totalement disponible pour le plan de salut de Dieu.

II. Dominique est étendu de tout son long sur la terre, puisqu’il a été formé de la terre et appartient à la terre. Il le sait, il est poussière, mais aimé de Dieu pour que la poussière puisse aimer Dieu. Il se livre à Dieu sans rechercher un but. Cela le rend ouvert et docile au Saint Esprit. Celui-ci le conduit vers la Vérité, parce que Dominique était humble. A cause de cela, il peut être réaliste, sans illusions et capable de don de soi. Ce n’est pas lui qu’il prend comme mesure, il la fixe dans l’Absolu auquel il se confie entièrement dans sa faiblesse. Dans la confiance en Dieu l’Absolu, il appelle à haute voix, il pleure et prie pour ses frères, pour les maux de l’Église, pour les malheurs du monde.

III. La flagellation est une singulière – et pour nous une étrange – attitude de prière. Par ce geste, Dominique se montre solidaire de Jésus souffrant. Il essaye comme Paul « de porter en son corps les souffrances de mort de Jésus, afin que la vie de Jésus soit elle aussi manifestée dans son corps » (2 Co 4, 10). Il comprend cette prière comme une offrande à Dieu par laquelle il prend part lui aussi à l’extrême souffrance du Christ qui expie les péchés, comme une participation à l’œuvre expiatrice du Christ « qui fut envoyé pour l’expiation du péché, pour condamner le péché dans sa chair » (Rm 8, 3). Par ce geste, Dominique s’approche de Dieu et se sent responsable pour les souffrances des âmes de ses frères et de ses sœurs. Il essaye d’imiter l’amour de Dieu fait homme pour les hommes.

IV. Dominique se tient debout devant Dieu et coupe cette station de génuflexions. Il se tient avec respect devant Dieu prêt à l’écoute ou au départ. Il sent sous ses pieds un sol ferme qui le porte. Cela le remplit de confiance et le motive pour un nouveau départ. Par les génuflexions, il entre dans le mouvement intérieur du don de soi ; l’écoute se change en obéissance. Le regard de Dominique est fermement fixé sur le Crucifié. Par là, il reçoit le réconfort et le calme. Dans la contemplation Dominique peut alors d’un regard seulement montrer l’essentiel ; il n’a pas besoin de beaucoup de paroles pour agir.

V. Dominique ne prie pas seulement avec tout son corps, mais souvent aussi avec ses mains seules. Ses mains sont le miroir de son âme, l’instrument de son esprit et de sa parole. Il ouvre les mains, renonce à son action et se remet entièrement à l’Absolu. Il vit sa vie comme un don, à cause de cela il peut se défaire de lui-même et se laisser prendre, il peut placer ses mains jointes dans la main de Dieu et de cette manière déclarer sa dépendance vis-à-vis de lui. Il joint les mains et remercie. Dieu peut alors par ses mains soutenir les faibles, partager le Pain, guérir et bénir.

VI. Les bras étendus, Dominique prie devant la Croix. Dans la Croix, il contemple les conséquences de l’amour de Dieu pour lui et en tire les conséquences pour sa vie. Il se tient là, vacant, vulnérable, indigent, prêt, comme le Christ en croix à répandre et susciter l’amour. Par sa solidarité avec le Crucifié naît en lui le désir ardent de prolonger les bras de la Croix, afin d’embrasser et de guérir le monde entier. Sous la Croix commence la vaste communication entre Dieu et lui, elle fait de Dominique un pont où ont lieu les rencontres avec les autres.

VII. Dominique se tend de toute sa taille vers le ciel. Ses mains sont élevées au-dessus de sa tête, fermement jointes ou légèrement ouvertes, comme s’il voulait recevoir quelque chose du ciel. Sa prière l’élève vers Dieu, il n’essaye pas d’attirer Dieu à lui. Il se tend vers le don de Dieu, vers l’offre de son Royaume, offre qui se situe infiniment au-dessus de son action, mais qui est présente en lui et donne sens à son action. Il sait que cela ne relève pas du succès ou de l’échec ; cela s’épanouit dans l’amour. A cause de cela, il prie que Dieu veuille lui donner un véritable amour pour qu’il puisse œuvrer au salut des hommes.

VIII. Dominique est assis devant Dieu en silence. Dieu entend son silence, voit son sourire et ses larmes. Cela, les hommes ne le peuvent pas. Dans le silence, Dominique écoute la Parole de Dieu et son silence nourrit sa parole. Silence et Parole sont pour lui frère et sœur qui portent mutuellement le fardeau. Dominique écoute et se tait pour que sa parole puisse devenir délicate et guérir. Dans l’écoute et le silence, il vient vers la lumière, pour que cette lumière s’embrase dans l’obscurité des chemins humains. Dans le silence, il supporte le silence de Dieu et apprend le silence de l’amour qui porte son silence et sa parole.

IX. Depuis son départ du couvent des chanoines d’Osma, Dominique est constamment en chemin. Ses voyages innombrables sont mouvements à travers l’espace et le temps, un signe qu’il n’est pas fixé, ni installé, qu’il est sur le chemin de Jésus-Christ. Comme le chemin de Jésus, ainsi est le chemin de Dominique, associé au renoncement et à l’abandon. Sa foi et son zèle pour le salut des hommes le conduisent sur le chemin qu’est le Christ. En chemin il fait l’expérience de la communion des frères, mais de nouveau se sépare d’eux pour éprouver dans la prière une plus grande intimité avec Dieu. Ainsi, il peut donner au prochain un renseignement sur le droit chemin, lui montrer la direction et s’unir à lui de façon encore plus intense à faire de même.
Texte de frère Franz Müller op

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