Rendons grâce

Tout est grâce !
Le mot grâce fait advenir spontanément à l’esprit une réalité qui est accordée à un individu sans qu’il y ait un mérite de sa part. Mais ce mot évoque pareillement quelque chose de transcendant à l’homme. Mais pour qui ignore tout du mystère de la grâce, celle-ci peut apparaître comme une réalité étrange ou mieux un don teinté d’ambiguïté comparable au cheval de Troie. Pour le croyant, « rendre grâce au Créateur pour son amour » est tel que l’on ne saurait avoir des doutes sur la libéralité du Dieu qui a fait signe dans l’histoire et qui nous la communique. Si, en effet, le lien intime entre Dieu et l’homme est rendu épiphanique essentiellement par l’auto-communication divine à l’humanité, c’est dans le mystère de la création, comme don, qu’il importe de ‘localiser’ ce lien.

Constat de l’état du monde et des catastrophes
Parler de la grâce en termes de don, c’est courir le risque d’affronter les objections classiques à tout don et plus précisément au don de soi. Pour le monde contemporain en effet, se donner c’est prendre l’autre en otage. En ce sens, le don nie l’importance de la construction de soi et fait violence à autrui. Le don, dit-on, est hypocrite. Et d’ailleurs, le don gratuit est toujours illusoire et trompeur. De plus, le don est orgueilleux. Car, nous nous croyons généreux, alors qu’en réalité, nous tenons le bénéficiaire de notre générosité en otage. Et puisque le don n’est jamais pur, le don de soi est l’hypocrisie. Comment « rendre grâce au Seigneur » face au constat de l’état du monde ou aux actualités avec la peur grandissante de l’apocalypse, les guerres multiples ? Ne faut-il pas lire l’envers du monde pour y découvrir autre chose ?

Oser lever les yeux
La louange est vitale. Elle est une forme de vie. Dieu est vivant et toujours présent. Comment ne pas voir dans toute vie : le don reçu, le don recueilli et le don offert. Chacun de nous reçoit nécessairement quelque chose qu’il est appelé à offrir à son tour. « En réalité, réception et donation constituent les deux faces d’un unique mouvement de don : avant de sortir de soi pour donner, il faut recevoir en soi. Mais la réception fait partie du don ». Malgré le sentiment d’un monde en agonie ou des multiples peurs, il faut oser lever les yeux et regarder avec confiance vers l’horizon que Dieu fait advenir. Cette réalité créée, surnaturelle intérieure à l’homme. le transforme, l’élève, divinise son être et son activité.

Des motifs de l’Action Grâce
La grâce est dans son fond un bienfait dont la gratuité transcende l’entendement. La gratuité de la grâce ne s’observe pas seulement à son origine ; elle accompagne l’être dans tout ce qu’il est et dans tout ce qu’il fait. Qu’elle soit exprimée explicitement ou implicitement, la grâce apparaît dans le Nouveau Testament comme expression de l’amour infini de Dieu qui ouvre la porte du salut aux hommes appelés à partager la vie intime de Dieu un et trine. « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas mais ait la vie éternelle » (Jn 3, 16). Il y a certainement plusieurs raisons de « Rendre Grâce » : la Création car Dieu vit que cela était bon ; sa fidélité et son action de Dieu dans les vies. Puisque nous sommes appelés à la communion, il y a la simple présence et les gestes de bonté des autres. Le monde n’est pas seulement une succession de mauvaises nouvelles mais nous apprend aussi à se remplir d’espérance. Enfin cette bonté de Dieu se vit et se manifeste dans la multiculturalité, la diversité et l’annonce de l’évangile de joie au sein de la Mission depuis un siècle.
Par le frère Lucas Onana op

Veröffentlicht am