Parole de témoin - La foi en Jésus
Nous ne pouvons rien déduire sur la personnalité de Jésus à partir de ce que nous pensons savoir de Dieu. Nous devons déduire tout ce qui concerne Dieu à partir de ce que nous connaissons de Jésus. Ainsi, lorsque nous disons que Jésus est divin, nous ne voulons pas ajouter autre chose à ce que nous avons pu découvrir de lui jusqu’ici, nous ne voulons rien changer à ce que nous avons dit de lui. Affirmer soudainement que Jésus est divin ne change en rien ce que nous avons compris de lui, cela change notre manière de comprendre Dieu. Nous sommes amenés, non seulement à nous détourner des dieux de l’argent, du pouvoir, du prestige, du « moi », mais aussi de toutes les anciennes représentations d’un Dieu personnel, pour découvrir notre Dieu en Jésus et en ce pour quoi il a vécu… Accepter que Jésus soit notre Dieu, c’est accepter pour Dieu celui que Jésus appelait Père. Sa puissance infinie, la puissance de la bonté, de la vérité, de l’amour (la plus grande qu’on puisse trouver en ce monde), on peut la voir, la reconnaître en Jésus, tant dans ce qu’il dit du Père que dans ce qu’il est lui-même, dans le déroulement de sa vie personnelle, dans la toute-puissance de ses convictions. Notre Dieu est à la fois Jésus et le Père. A cause de leur unité essentielle, de leur « exacte ressemblance », lorsque nous adorons l’un, nous adorons l’autre. Ils ne se distinguent que dans la mesure où c’est Jésus qui est visible pour nous, c’est lui seul qui est notre source d’information sur la divinité, lui seul qui est pour nous « Parole de Dieu ». Nous avons vu qui était Jésus. Si nous voulons le considérer comme notre Dieu, nous devons en conclure que notre Dieu ne cherche pas à être servi, il désire nous servir, il ne cherche pas le rang le plus élevé ni les honneurs dans la société, mais la place la plus humble sans dignité spéciale ni statut particulier, il ne cherche pas à être craint et obéi, mais désire être connu dans les souffrances des pauvres et des faibles ; il ne demeure pas suprêmement détaché, indifférent, il est définitivement engagé dans l’effort de libération de l’humanité, car il a choisi de s’identifier avec tous les hommes dans un esprit de solidarité et de compassion. Si cela n’est pas la véritable image de Dieu, alors Jésus n’est pas Dieu. Si cela est la véritable image de Dieu, alors Dieu est plus authentiquement humain, plus complètement humain qu’aucun homme. Il est ce que Schillebeeckx appelle un Deus humanissimus, un Dieu suprêmement humain (2)…
ALBERT NOLAN, JÉSUS AVANT LE CHRISTIANISME. L’évangile de la Libération, Les éditions Ouvrières, Paris, p. 179-180.
Par frère Lucas Onana op
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